Je suis un sanglier

Publié par Zebrilde le

Je cours. Je cours dans une forêt, nu, hors d’haleine. Je m’élance à travers les broussailles, tous mes sens sont en alerte, le cœur au bord de l’explosion. Une vraie montée d’adrénaline. La sensation euphorique d’être très vivant et une immense trouille. Je fonce droit devant. J’avance et je sens que mon corps change. Je galope sur mes quatre pattes, mes poils couvrent tout mon corps, des odeurs inconnues m’attirent… Je suis un animal, je suis un sanglier.

Le souvenir vif de ce rêve réveille de nombreux souvenirs, des sensations anciennes. Les marches d’hiver près de mon père au retour de la chasse, les journées dans les bois, le compagnonnage avec les chiens de la maison. Et surtout l’impression d’être lié à la terre par des forces primitives et ancestrales, d’abriter secrètement en moi une meute farouche de bêtes indomptées.
Pourtant je vis depuis des années dans un appartement au milieu de la ville.
Et si je devais répondre à cet appel de la forêt ? Si je devais reconquérir une animalité originale ?

Un spectacle comme une enquête en réconciliation avec mes fauves.

Le public est invité à une visite guidée des lieux où s’est déroulée l’histoire étrange d’un garçon transformé en animal. Le guide chargé du groupe paraît rapidement dépassé, la situation lui échappe et ce qu’il raconte le déstabilise. C’est peut-être son histoire après tout. Le projet de visite devient alors une cérémonie improvisée pour retrouver des espèces disparues, une réunion de coaching sur animalité, une séance de transe chamanique ou une reconstitution de souvenirs d’enfance. L’homme qui raconte voyage à travers différentes identités, se métamorphose, comme happé par les différents espaces rencontrés. Il devient l’objet de son récit et finalement de la visite.

Accepter notre identité de vivant, renouer avec notre animalité pensée ni comme primalité à surmonter, ni comme sauvagerie plus pure, mais comme héritage riche à recueillir et à moduler, c’est accepter notre destin commun avec le reste des vivants.
Baptiste Morizot, Manières d’être vivant.

J’ai eu le plaisir d’assurer une création sonore assez brut pour ce spectacle réjouissant.

Catégories : Spectacles